6 ANIMAUX TERRESTRES ENDEMIQUES DE DJIBOUTI

La république de Djibouti est une destination de voyage particulièrement intéressante pour les amoureux de la nature compte tenu de la diversité de sa faune et de sa flore, en particulier dans le domaine sous-marin (voir l’article du blog sur les animaux de Djibouti). Mais ce que l’on sait moins, c’est que sa géographie et ses espaces préservés en font une région où vivent des espèces endémiques. De ce fait la république de Djibouti constitue un terrain d’étude privilégié pour les zoologistes et les éthologues de tous pays. Les 6 espèces animales terrestres auxquelles nous consacrons le présent article, vivent uniquement dans la région de la corne de l’Afrique et en particulier à Djibouti.

LE PECHNINATEUR DE SPEKE OU LE GOUNDI DE SPEKE

Goundi – Djibouti

Peut-être le plus mignon des animaux endémiques de Djibouti ! Les goundis sont de petits animaux qui passent le plus clair de leur temps à dormir et qui ne sortent du sommeil que pour chercher de quoi se nourrir. Ce sont des herbivores qui ont la particularité de ne pas boire.

L’habitat du Goundi

Outre à Djibouti, on trouve le goundi en Érythrée, en Ethiopie et dans le Somaliland où il fréquente les zones rocheuses semi-désertiques.

Les caractéristiques physiques du Goundi

De la tête à la queue, sa taille varie entre 210 et 270 mm et il pèse jusqu’à 194 g. Son pelage dorsal de couleur sable devient blanc grisâtre dans la partie ventrale.

Les comportements du Goundi

Le goundi utilise sa queue pour communiquer. Pour les spécialistes, il est le seul parmi les cténodactylidés à conserver des caractères dentaires présents chez les premiers cténodactylidés.

Le goundi de Speke est herbivore et se nourrit d’herbe sèche, de graines ; il est aussi très friand de feuilles d’acacia.

Les mœurs du goundi sont encore mal connues pour la communauté scientifique ; cependant il semble qu’il commence à se reproduire en août. Il produit deux portées par an comportant un individu unique.

Les goundis de Speke affectionnent les bains de soleil mais se nourrissent et se reposent à l’ombre. Le pic d’activité se situe entre 0 et 3 heures après l’aube lorsque les températures ne sont pas encore trop élevées ; lorsqu’elles augmentent, les goundis se réfugient dans leurs abris dont ils ne ressortent qu’en fin d’après-midi.

Les Goundis de Speke vivent en colonies relativement denses, pouvant compter jusqu’à plus de 200 individus par hectare.

Les dangers menaçant la survie de l’espèce

Actuellement, les goundis de Speke ne font face à aucune menace significative d’extinction. A Djibouti on le trouve notamment dans la région de Djalelo.

L’ANTILOPE BEIRA

Le beira est un mammifère herbivore de la famille des bovidés et de la sous-famille des antilopes. On le trouve en Afrique de l’Est à Djibouti, en Somalie et en Ethiopie.

Les caractéristiques physiques du beira

Sa taille et sa hauteur au garrot sont respectivement autour de 0,80 et 0,55 m et son poids est entre 8 et 12 kg. Phénomène assez rare, la femelle est plus grande et lourde que le mâle.

Les pattes du beira sont fines et le mâle possède des cornes d’une douzaine de centimètres. Il est doté d’un pelage gris, roux avec des reflets argentés et une face ventrale jaune claire.

L’habitat du beira

Le beira vit dans les collines rocailleuses et les pentes abruptes, les steppes boisées, les environnements secs et arides. C’est un herbivore ruminant qui mange des herbes, feuilles, buissons et arbustes.

Les comportements du beira

Le beira est un animal grégaire. Il vit en petits groupes de 6 à 12 individus, composés de femelles, de jeunes et d’un mâle. Chaque groupe occupe son propre territoire.

Le beira est actif le matin et le soir, et se repose à l’ombre le reste de la journée.

Ses principaux prédateurs sont le caracal, le chacal, et la hyène.

Les beiras sont dotés d’une excellente ouïe grâce à leurs grandes oreilles. Ils peuvent repérer un prédateur à une très longue distance, ils sont donc également difficiles à approcher pour l’homme.        Le beira peut se reproduire à partir de 2 ans, la saison des amours a lieu avant les pluies. La gestation dure 6 mois et la portée est d’un seul petit abrité dans un nid confectionné dans les herbes hautes. La durée de vie du beira est d’une quinzaine d’années.     

Les dangers menaçant la survie de l’espèce beira                             

Le beira est rangé parmi les espèces vulnérables de la classification IUCN.

La sécheresse, la chasse non contrôlée, la dégradation de son habitat naturel et la concurrence avec le bétail domestique sont les principales menaces qui pèsent sur l’espèce.

LE DIK-DIK DE SALT

Les caractéristiques physiques du Dik Dik

Le Dik Dik a été décrit pour la première fois en 1816 par le zoologiste français Anselme Gaëtan Desmarest.

Les dik-diks sont des antilopes naines qui mesurent de 30 à 43 cm. Le nom « dik-dik » vient du bruit qu’ils font lorsqu’ils sont en danger. Les dik-diks pèsent de 3 à 5 kg. Ils ont un museau allongé, et une légère fourrure grise sur le dos, et blanche au niveau du ventre. Sur le haut du crâne, le pelage forme une touffe droite, qui cache parfois partiellement les cornes courtes du mâle.

Les femelles sont légèrement plus larges que les mâles. Ces derniers ont des cornes assez courtes de 3 à 7 cm.

La tête du dik-dik peut sembler disproportionnée par rapport au petit corps de l’animal.     Le haut du corps est gris-brun, alors que la partie ventrale et les pattes sont brun clair. Beaucoup de dik-diks ont un anneau de couleur pâle autour de l’œil.

La longévité du Dik Dik est de 3 à 4 ans.

L’habitat du Dik Dik

Les dik-diks vivent principalement dans les pays de l’Afrique de l’Est.

Ils vivent en couple dans les zones où l’herbe et les arbustes comestibles abondent sur un territoire relativement petit à peine plus grand qu’un carré de 200 mètres de côté.

Les comportements du Dik Dik

Les dik-diks se nourrissent le plus souvent avant l’aube et après le crépuscule. Ils vivent toute leur vie avec le même compagnon.

À la naissance, les faons pèsent environ 0,7 kg. Ils atteignent l’âge adulte entre 6 et 8 mois.

Face à l’attaque d’un prédateur, les dik-diks usent d’une stratégie unique : ils s’immobilisent face à lui, et lorsque le prédateur attaque, ils l’esquivent par un démarrage rapide sur le côté suivi d’une nouvelle immobilisation.

Le manège dure jusqu’à ce que le prédateur se décourage, ce qui peut prendre plusieurs minutes…

Les dik-diks sont des herbivores qui se nourrissant de feuilles, de pousses, de fruits et de baies. Cette alimentation riche en eau leur évite de boire.

La forme allongée de leur tête leur permet de manger les feuilles d’acacia sans se faire piquer par les épines, et aussi de rester à l’affût d’éventuels prédateurs alors qu’ils se nourrissent.

La vitesse de course des dik-diks, jusqu’à 50 km/h alliée à leur vivacité, leur permet souvent d’échapper à leurs nombreux prédateurs, au nombre desquels figurent aigles, léopards, hyènes et chacals…

Les dangers menaçant le Dik Dik

L’espèce n’est pas considérée comme étant en danger d’extinction, elle est classée en « préoccupation mineure » dans la liste de l’IUCN.

LA GAZELLE GIRAFE OU GERENUK

Les caractéristiques physiques de la gazelle-girafe

La gazelle de Waller ou antilope-girafe ou gazelle-girafe, est aussi appelée gérénuk, mot provenant du Somali garanuug ou deero-garanuug, littéralement, « la gazelle qui tète la girafe ». Il s’agit d’une espèce d’antilope de taille moyenne, caractérisée par son long cou qui fait penser à celui d’une girafe. La gazelle- girafe présente des membres très fins, de grands yeux et de larges oreilles. Sa robe est presque blanche sur les jambes et le dessous du ventre, alors que la partie supérieure du corps est fauve clair. Le mâle porte des cornes, fines, courtes et cylindriques.

C’est la seule espèce du genre Litocranius.

Les femelles atteignent leur maturité sexuelle à un an et les mâles à 18 mois.

La gazelle girafe se reproduit toute l’année. La période de gestation est d’environ 165 jours, après laquelle nait généralement un seul petit. Les nouveau-nés pèsent environ 3 kg pour atteindre entre 20 et 50 kg à l’âge adulte.

L’habitat de la gazelle-girafe

La gazelle girafe vit principalement en Ethiopie, à Djibouti, au Kenya, en Somalie, et en Tanzanie.

Le nom de cette gazelle commémore le révérend H. Waller (1833-1901), un missionnaire en Afrique et ami de Livingstone.

Les comportements de la gazelle-girafe

Elle se déplace, très gracieusement avec une allure rapide, le cou tendu vers l’avant. Elle peut courir à 100 km/h pour fuir un danger.

La gazelle de Waller est un animal diurne. Elle passe la plus grande partie de sa journée à ruminer.

C’est un animal qui vit par groupes d’environ 10 individus, composés uniquement de femelles et de leurs petits. Les mâles sont solitaires et territoriaux. Ils ne cohabitent avec les femelles que pendant les périodes de rut.

La gazelle girafe se nourrit principalement de feuilles qu’elle atteint en se dressant sur ses pattes arrière et cou tendu à la verticale. Elle peut ainsi atteindre sa nourriture jusqu’à 3 mètres au-dessus du sol, hauteur que les autres antilopes ne peuvent pas atteindre.     

Elle peut ne pas boire pendant plusieurs jours comme les chameaux.

Les dangers menaçant la survie de l’espèce

Ses prédateurs principaux à Djibouti sont les léopards mais ces derniers sont malheureusement rares. Comme pour beaucoup d’autres, la pérennité de l’espèce est mise en danger par le recul de son habitat.

LA MUSARAIGNE ELEPHANT

De « Elephantulus revoili » à « Galegeeska revoilii « 

Lien pour la carte ci-dessus https://doi.org/10.7717/peerj.9652/fig-7

La musaraigne- éléphant, dont le premier nom scientifique est Elephantulus revoili, a été décrite pour la 1ère fois par le naturaliste français Georges Révoil; à l’occasion d’une expédition en Somalie entre 1878 et 1881, il a capturé le premier spécimen de l’espèce. Par la suite d’autres expéditions ont été réalisées par d’autres pays, et différents musées du monde détiennent des spécimens de la musaraigne- éléphant. Mais la dernière capture remontait à 1973; c’est pourquoi jusqu’à la fameuse expédition de 2019, l’espèce était considérée comme éteinte.

Steven Heritage et Galen Rathbun spécialistes américains de l’espèce, avec Houssein Rayaleh, naturaliste djiboutien convaincu de son existence, organisèrent l’expédition de 2019 d’une quinzaine de jours à Djibouti dans le but de retrouver des spécimens de l’espèce portée disparue. Plus de 1 250 pièges garnis de beurre de cacahuète, de flocons d’avoine et d’extrait de levure furent posés dans 12 localités de Djibouti. « Alors quand nous avons ouvert le premier piège, et que Galen Rathburn a vu la mignonne petite queue avec une touffe au bout, il m’a regardé et m’a dit : je ne peux pas y croire, je n’en ai jamais vu un de ma vie ! », raconte Steven Heritage, du Centre des lémuriens de l’université américaine de Duke.

Les analyses génétiques par la suite, ont montré que la musaraigne éléphant trouvée dans cette expédition de 2019, appartenait à une espèce voisine mais différente de Elephanulus rufescens, c’est pourquoi la musaraigne éléphant de Somalie est devenue  » Galegeeska revoilii« , c’est à dire « gale » en l’honneur de Galen Rathburn, et « geeska » qui en langue somalienne signifie « la corne de l’Afrique« , la région où elle a été trouvée. Lien pour l’accès à l’article de référence du biologiste Cesar Paul Gonzalez résumant l’évolution des recherches et le résultat de l’expédition de 2019 https://myanimals.com/fr/actualites/musaraigne-elephant-de-somalie-redecouverte-plus-de-50-ans-apres-sa-derniere-apparition/

 Les caractéristiques physiques de la musaraigne- éléphant   

Cette espèce de musaraigne-éléphant pèse jusqu’à 750 grammes pour 30 cm de long, donc 30 % de plus que les 15 espèces de sengi déjà identifiées. Le poids moyen d’une musaraigne à trompe (sengi) est en effet de 400 grammes. Leur trompe leur sert à chercher des insectes qui sont leur principale source de nourriture.   La génétique aurait prouvé qu’elle appartient à l’ordre des Afrotheriens apparus il y a 100 millions d’années et dont les descendants sont entre autres les éléphants et les lamantins.

L’habitat de la musaraigne- éléphant

A Région de Djalelo – B Forêt du Day – C région d’Assamo – D région d’Arta https://doi.org/10.7717/peerj.9652/fig-4

Selon l’étude publiée au même moment dans la revue PeerJ, le sengi de Somalie n’est pas endémique de Somalie, puisqu’il vit aussi à Djibouti, et peut-être au-delà dans la Corne de l’Afrique.

Quoiqu’il en soit, la musaraigne-éléphant est bien présente à Djibouti : reconnaissable à son museau allongé, elle possède tous les attributs d’une musaraigne avec une belle fourrure flamboyante, mais est biologiquement très différente des musaraignes. Lien pour la référence de la carte ci-dessus https://doi.org/10.7717/peerj.9652/fig-5

Petite mais rapide, puisque ce petit mammifère insectivore peut courir jusqu’à 30 km/heure pour attraper ses proies !

Les dangers menaçant la survie de la musaraigne éléphant de Somalie

Même si les efforts pour maintenir sa conservation doivent être poursuivis, la population de cet animal, semble être stable et sa survie n’est pas en danger.

LE FRANCOLIN DE DJIBOUTI OU FRANCOLIN SOMALI

Francolin de Djibouti – Zone Dittilou Forêt du Day

Le Francolin somali est une espèce d’oiseaux de la famille des Phasianidae. Localement le Francolin somali porte le nom de gogori en somali, ou de kukaace en afar.

Le Francolin somali est collecté dans la forêt de Day le 22 février 1952 par le capitaine Max Albospeyre, commandant militaire du cercle de Tadjourah.

Le nom latin de Francolinus ochropectus est donné à cette nouvelle espèce. Son nom normalisé de « Francolin somali » est obtenu en combinant « francolin » issu de l’italien « francolino » (sorte de petite perdrix) et l’adjectif « somali » qualifiant aussi bien ce qui est relatif à la Somalie qu’à d’autres pays du golfe d’Aden, dont Djibouti dont le territoire s’appelait jusqu’en 1967, Côte française des Somalis. L’oiseau est aussi parfois surnommé « poule du Day ». Le Francolin somali n’a pas de sous-espèces reconnues.

Caractéristiques physiques du francolin de Djibouti

Son plumage est globalement brun-gris, avec des rayures et des stries blanches sur ses parties inférieures, qui deviennent plus fines vers les parties supérieures.    

La nuque a une nuance fauve, tandis que le sommet de la tête est gris. Le front, les lores et le trait oculaire forment un masque noir ; le menton et la gorge sont blanchâtres. Les yeux sont bruns. Les plumes sur le corps et le cou sont de couleur dorée ou paille en leur centre, avec du brun foncé entourant cette zone et enfin du blanc suivant le bord externe de la plume. La queue est courte. Le bec est noir avec un peu de jaune sur la mandibule inférieure, et les pattes du Francolin somali sont jaune verdâtre.

Les sexes sont semblables, mais les mâles sont en moyenne légèrement plus grands que les femelles et ils possèdent deux ergots proéminents sur les jambes, tandis que la femelle n’en a pratiquement pas. Les femelles ont également plus de roux dans les plumes de leur queue. Le juvénile ressemble aux adultes, mais il est plus terne et barré de chamois plutôt que strié sur les parties inférieures.

Le francolin de Djibouti mesure 35 cm de long et pèse 940 g.                        

Comportements du francolin de Djibouti

Il vit en petits groupes et est extrêmement farouche. Il se nourrit de baies, de graines et de termites, et se reproduit entre décembre et février.

Son nid est installé dans une dépression tapissée d’herbe peu profonde dans la terre.

Son principal prédateur est la genette commune. L’oiseau est le plus actif entre 6 et 9 heures du matin, et il est le plus susceptible d’être entendu à ce moment de la journée.

Habitat du francolin de Djibouti

Le Francolin somali endémique de Djibouti n’est présent que sur deux sites. Le premier site se trouve dans les monts Goda de la forêt de Day, à environ 25 km au nord du golfe de Tadjourah. Cet habitat, qui couvre seulement 14 à 15 km2, est en train de changer. L’autre site est situé dans les monts Mabla, à 80 km au nord de la forêt de Day.

Le francolin de Djibouti vit dans les bois denses de genévriers d’Afrique, avec une canopée fermée, se trouvant entre 700 et 1 780 m d’altitude. Cet habitat forestier est mêlé de buis et d’oliviers africains.

Dangers menaçant la survie de l’espèce

Le francolin de Djibouti est considéré comme une espèce « en danger critique d’extinction » selon l’UICN car sa population a décliné de plus de 90 % en 20 ans entre 1977 et 2006.

L’origine de ce déclin tient à la dégradation de son habitat causée elle-même par le cumul de plusieurs facteurs dont le changement climatique, le surpâturage, la chasse, la collecte du bois de chauffage.

A l’intention des passionnés d’espèces endémiques…

Africorne Travel a conçu un circuit itinérant de 8 jours permettant d’observer ces animaux dans leur milieu naturel; n’hésitez à nous contacter si vous êtes intéressé par ce type de séjour ! Safari-photo à Djibouti

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